
La part des énergies renouvelables dans la consommation totale des Ardennais dépasse désormais les 33%… Contre 19% en moyenne dans l’Hexagone. Ce côté précurseur suscite des dynamiques, sans abolir les contestations.
Dites 33,3%. En matière d’énergies renouvelables (EnR), les Ardennes donnent de la voix. En 2020, ce département pionnier en la matière et qui abrite par ailleurs la centrale nucléaire de Chooz, a en effet atteint le tiers d’EnR dans sa consommation totale d’énergie (soit 2 761 GWh d’EnR sur un total de 8 293 GWh). La moyenne nationale est de… 19,1%, a rappelé la préfecture des Ardennes. L’information a été annoncée avec une pincée de fierté, mais aussi avec une vigilance sur les enjeux, le 8 octobre dernier à l’issue de la réunion du pôle départemental stratégique sur la transition énergétique.
Sept sortes d’EnR
Sur le fond, dans les Ardennes, ces EnR sont au nombre de sept (éolien, hydroélectricité, solaire, géothermie, biogaz, biomasse solide, énergies dans les transports). Ceci en sachant que, dans ce département boisé et rural, la biomasse et l’éolien représentent plus de 90% des énergies renouvelables. Ce résultat favorable aux EnR ne tombe pas du ciel. En 2006, le lycée Bazin de Charleville-Mézières a d’ailleurs été le premier établissement scolaire en France à mettre en place une formation de technicien de maintenance en parcs éoliens. Depuis, bien d’autres qualifications sont dispensées localement, dans un contexte favorisé par la création, dès 2010, d’un schéma départemental des EnR qui rassemble de tous les partenaires locaux: services de l’État, collectivités locales, chambres consulaires et association. La dynamique a entraîné des industries dans son sillage (la papeterie Smurfit-Kappa à Rethel pour le biogaz, par exemple) et poussé à l’innovation. A l’image de la société carolomacérienne Helliogreen Technologies qui a mis au point une turbine démontable et sans risque pour la faune aquatique.
Le plus puissant parc terrestre en suspend
Pour autant, l’acceptabilité des projets demeure, ici aussi, une question ultra-sensible. Envisagé du côté du pays rethelois et de l’Argonne ardennaise, le projet de parc éolien terrestre le plus puissant de France (63 mâts de 200m de haut pour une production équivalente à la consommation électrique annuelle de 280 000 personnes, chauffage compris) est ainsi toujours dans l’attente d’une décision de justice. Porté par EDF-Renouvelables et le groupe WindVision, le parc du Mont des Quatre Faux est contesté par des riverains. Lancé en… 2005, il devait voir le jour l’an dernier. La décision de la cour administrative d’appel de Nancy devrait tomber début 2022.
Méthanisation: une charte des bons usages
Dans un autre registre, le préfet Jean-Sébastien Lamontagne a également annoncé, lors des travaux du pôle stratégique sur la transition énergétique, l’instauration d’un «observatoire de la méthanisation» avec l’ensemble des partenaires concernés. Objectif: identifier les “effets directs et induits du développement de la production de biométhane dans les Ardennes”, pour mieux élaborer une «charte des bons usages de la méthanisation».