Germaine envoie du bois

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Situé entre Reims et Epernay, le Cerf à trois pattes comprend notamment une boutique de produits locaux.

Encore une boulangerie fermée ? Pas question pour Germaine. Ce village marnais de 550 habitants, en plein parc régional de la Montagne de Reims, à quelques kilomètres d’Epernay, a pris le contre-pied et créé le Cerf à trois pattes.

Autrement dit, une boutique de produits locaux, un bistrot rural et des activités socio-culturelles. Et comme à tout malheur quelque chose est bon, la crise sanitaire de la Covid-19 a boosté l’initiative. L’épicerie, avec ses produits frais, ses conserves, ses bières ou encore ses vins, attire ainsi une clientèle venant d’ailleurs.

A Germaine, quatre bistrots avaient déjà disparu au fil du temps. Mais, en 2018, c’est le coup de massue pour ce village de bûcherons. L’unique boulangerie va fermer. « C’était une institution. Certes elle vendait du pain, mais c’était aussi un lieu de convivialité. Cela a été un choc pour les habitants», se souvient Claude Gamichon. Il est aujourd’hui le président de l’association Le Cerf à trois pattes, à l’origine de ce tiers lieu rural ouvert à tous, tout au long de l’année. Le projet a été soigneusement préparé. Une réunion publique, organisée par la commune et l’intercommunalité, a réuni plus de 40 participants, soit 20% de la population adulte du village. « Est-ce que la disparition de la boulangerie est inéluctable ou peut-on faire quelque chose de différent ? Cela a été la grande foire aux idées. On a sérié autour d’un objectif : des services à la population et du lien social », poursuit-il. Il en naît le Cerf à trois pattes, histoire d’avoir un nom qui fait jazzer et, surtout, parce qu’il y a trois axes : boutique, bistrot et activités diverses (concerts, expos, randonnées, futur local pour accueillir un coiffeur, une esthéticienne…). « Développer une activité unique en milieu rural était prendre le risque de ne pas pouvoir durer dans le temps. Or notre objectif était d’être économiquement viable et pérenne», détaille Claude Gamichon. Porté par une quarantaine de bénévoles, le Cerf à trois pattes a embauché en septembre 2020 deux personnes à temps partiel. 

D’ex-maisons de bûcherons transformées

« La ruralité a un avenir et le prouvera aujourd’hui plus encore qu’avant. L’idée est de faire adhérer les villes à cette ruralité, qu’on ne nous voit plus comme la petite souris des champs ». Cette conviction chevillée au corps, Véronique Klein, productrice de lait bio en Alsace mais, en l’occurrence, présidente du jury du Prix régional des Solidarités rurales, est venue la partager à Germaine. Le Cerf à trois pattes compte en effet parmi les huit lauréats 2020 de ce prix co-organisé par le Conseil économique, social et environnemental régional (CESER Grand Est) et la Ligue de l’enseignement. Parmi les autres partenaires, La Poste qui a remis un chèque de 7000€ à l’association. Un coup de pouce bien venu puisque le Cerf à trois pattes fait un nouveau pas en avant, avec l’appui des collectivités: trois anciennes maisons de bûcherons sont actuellement en travaux pour accueillir les activités présentes et… à venir.