Pour une Meuse potable : des villes se mouillent

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Pour une Meuse potable
Fleuve européen, enjambé ici par le musée Rimbaud de Charleville-Mézières, la Meuse mobilise désormais de nombreux élus. Photo: CD

Elle peut agir comme un moteur. Cet acte fondateur mobilise ainsi déjà Namur, Givet, Sedan, Neufchâteau, Val-de-Meuse, la ville de Cuijk aux Pays-Bas… autour d’un fleuve qui se réveille plus que jamais international.
Tout a débuté grâce à une universitaire sino-néerlandaise, Li An Phoa. En 2018, elle a parcouru à pied le millier de kilomètres qui relie le plateau de Langres, où la Meuse prend sa source, à Rotterdam où elle se jette dans la mer du Nord et où cette écologue, également diplômée en économie et philosophie, est née. En Haute-Marne, Lorraine, dans les Ardennes, tout au long de son périple de deux mois, elle a fait plus que se balader. Ce fleuve européen est, pour elle, prétexte à développer son projet de «Drinkable rivers».  «Une rivière à boire, a expliqué Li An Phoa, ce n’est pas le but, mais une direction, de façon à naviguer ensemble, dans le même sens». Adepte de la science participative, elle a élaboré un indicateur social, économique et environnemental à partir de ses mesures de la qualité de l’eau.

Un bassin de dix millions d’habitants

Lors de son étape à Charleville-Mézières, la rencontre avec le maire de la ville, Boris Ravignon, par ailleurs président de l’Établissement public d’aménagement de la Meuse et de ses affluents (Epama), a eu un effet déclencheur. «Li An Phoa a une très forte préoccupation de la qualité des eaux, mais plus encore de son environnement humain, relève-t-il. Elle a une démarche originale, qui n’est pas une approche technique de réduction des pollutions, mais un travail de mutation des consciences, pour que les femmes et les hommes prennent soin des rivières au bord desquels ils vivent et des milieux qu’elles irriguent. Cela va plus loin qu’imposer des règles et des normes».

Et, sur le bassin versant de la Meuse, ces femmes et hommes sont particulièrement nombreux : dix millions. Le bassin recouvre effectivement une superficie de 36 000 km2, principalement le long de son tracé en France (9 000 km2), Belgique (14 000km2) et aux Pays-Bas (8 000 km2). Mais il inclut aussi ceux de ses principaux affluents, l’Allemagne (4 000 km2) et le Luxembourg (500 km2).