Un an à peine après son implantation à Reims, la start up Venture Orbital Systems, spécialisée dans les petits lanceurs de satellites, vient d’inaugurer sa première usine de production. Du Made in France pour un marché en pleine expansion.
L’aérospatial décolle à… Reims après un compte à rebours plutôt rapide. En 2019, Stanislas Maximin, Kevin Monvoisin et Ilan Saidi-Bekerman, créent Orbital Venture Systems (VOS), une start up parisienne spécialisée dans les petits lanceurs de satellites et de moteurs-fusées. Les éléments déclencheurs? “La passion du spatial, un peu d’inconscience et l’impact sur les défis auxquels nous devons faire face”, avance Stanislas Maximin, 20 ans à l’époque et président de la société. En 2020, VOS choisit de s’implanter dans la cité des sacres, à l’initiative de l’agence de développement économique Invest in Reims. En 2021, elle a besoin de nouveaux espaces pour son premier site de production. L’usine de 1700 m2, qui abrite également le siège de l’entreprise, est inaugurée le 19 octobre. C’est là que seront élaborés les lanceurs de fusée 100% Made in France. Dont le fer de lance Zephyr, une fusée de 15 m de long, capable de transporter jusqu’à 70kg de nanosatellites dans l’espace (aux alentours de 600 km d’altitude). Il fallait bien un nom lui aussi inspiré de la mythologie grecque pour cette première fusée conçue sur le sol français depuis près d’un demi-siècle… Le lanceur lourd Ariane est devenu un programme européen.
« Il commence à y avoir un goulot d’étranglement du lanceur » – Stanislas Maximin, dirigeant de VOS
La valeur n’attendant pas le nombre des années, les fées se sont penchées sur le berceau de VOS: du Centre national d’études spatiales (Cnes) à Comat, le leader spatial des mécanismes complexes en Europe, en passant par Safran, ONERA, Ariane Group…
Si VOS a embarqué de tels partenaires technologiques et industriels, c’est que le marché des nano- et microsatellistes à usages commerciaux connaît une croissance accélérée. De l’agriculture à l’internet des objets, de l’organisation des secours pour les feux de forêt à la détection de fraudes maritimes, les besoins sont multiples. “Il commence à y avoir un goulot d’étranglement. Aujourd’hui, il faut plus d’un an pour réserver un lanceur. Nous voulons réduire ce délai à six mois”, explique Stanislas Maximin. Qui plus est, “nous ne développons pas juste un lanceur. Notre métier, c’est d’envoyer des satellites dans l’espace, c’est un service que l’on offre”. Avec un objectif clair, poursuit le dirigeant: “baisser le coût et démocratiser l’accès à l’espace”. En 2020, le kilo coûtait environ 35 000 dollars (30 300 euros). VOS vise les 20 000 dollars (17 300 euros) le kilo.
Premier vol commercial en 2024
La mise en orbite de Zephyr est programmée pour le troisième trimestre 2024. “Cela nécessite une planification millimétrée”, a détaillé Olivier Lebrethon, ancien ingénieur d’Ariane, professionnel reconnu dans le milieu de l’aérospatial, qui a rejoint Venture Orbital Systems comme directeur R&D. L’an prochain doivent avoir lieu les premiers essais moteurs, le tir du premier démonstrateur est prévu fin 2023 et le premier vol commercial en 2024 donc. Objectif: une cadence régulière de 40 lancements en 2030. Ceci dit sans angélisme: “C’est difficile: oui. Les équipes sont motivées: oui. On rencontre des problèmes: oui, mais tout est surmontable”, s’est engagé Olivier Lebrethon.
Du moteur entièrement imprimé en 3D en une semaine jusqu’aux opérations de software (téléguidage, etc.), tout sera conçu par VOS sur le site rémois. Les prototypes et autres pièces en vol seront, quant à eux, produits par VOS et ses partenaires industriels.
Les lancements seront ensuite effectués depuis l’Europe septentrionale en direction du nord de la terre. L’heure n’est pas encore à la réutilisation des lanceurs. “Etape numéro un, on industrialise, on apprend à voler, avant d’apprendre à réutiliser”, résume Stanislas Maximin.
Venture Orbital Systems, qui a été d’emblée sélectionnée par le programme français d’accélération des start up dans les domaines de l’aéronautique, du spatial et de la défense, s’attelle à de nouvelles levées fonds pour un montant de 140 millions. Ses effectifs vont également doubler en 2022: une trentaine de salariés supplémentaires, principalement des commerciaux, doivent être recrutés.
Ce développement percute aussi avec un écosystème apprécié par la start up en optant pour Reims. “Le Grand Est est la deuxième région industrielle française”, a rappelé le maire de Reims, Arnaud Robinet, lors de l’inauguration. Et quand bien même ce n’est pas la première chose qui vient à l’esprit en pensant à la Champagne, la Marne accueille sur ses terres quelques fleurons de l’aérospatial, d’Axon’Cable à Montmirail à AEds Technologie/Groupe Rafaut à Witry-les-Reims.